Prêtez aux éoliennes de Bignan

Ivan Grenetier

Ingénieur civil des Mines de Paris, PDG de l'agence de conseil en Développement durable Nuevomund, chroniqueur pour le magazine Valeurs Vertes

1. Le projet et son volet énergétique

Le parc éolien de Bignan est composé de 2 éoliennes de 1 MW de puissance nominale chacune, installées en 2009 qui produisent entre 3 et 4 millions de kWh par an, revendus à EDF.
Le prêt permettra à l’entreprise InnoVent de dégager des fonds propres immobilisés sur ce projet qui est désormais sans risque opérationnel. La capacité dégagée sera utilisée pour le développement d’un parc photovoltaïque en Namibie, ce qui permettra de diminuer la dépendance de ce pays à un approvisionnement d’électricité venant d’Afrique du Sud et produite majoritairement avec du charbon. Le prêt permet de soutenir la filière éolienne en France, et le développement d’énergies renouvelables en Afrique.

2. Les enjeux du projet sur le plan énergétique

L’éolien en France
Parmi les énergies renouvelables développées en France, l’énergie éolienne, qui produit de l’électricité à partir du vent, présente plusieurs atouts. Elle atteint une certaine maturité technologique permettant d’obtenir un coût du kWh produit compétitif, les conditions contractuelles de revente de l’électricité à EDF sont stables, tout cela permettant de sécuriser les projets pour les investisseurs.
Le développement de la filière éolienne à l’échelon national permet de profiter des trois grands régimes de vent du pays, et de pallier progressivement le caractère intermittent de l’énergie du vent : il est très rare qu’il n’y ait pas de vent sur chacune des trois grandes zones (Manche-Mer du Nord, façade atlantique, zone méditerranéenne). Le surcroît de production de l’éolien en hiver correspond à un pic de la demande, et il peut être également combiné avec la recharge des barrages hydroélectriques.
Sur le plan environnemental, les analyses de cycle de vie de parcs éoliens récemment publiées montrent que le contenu en CO2 de l’électricité d’origine éolienne est bas (environ 10 g CO2/kWh pour une moyenne de 56 g CO2/kWh en France). On estime qu’il faut à peu près un an de production électrique d’une éolienne pour couvrir la consommation en énergie nécessaire à sa fabrication et sa mise en place.
Il n’y a pas eu d’analyse de cycle de vie pour le parc éolien de Bignan, mais on peut noter qu’il a été construit dans des conditions favorables sur le plan environnemental : proximité de la station de raccordement, peu de travaux pour le raccordement et le génie civil. Avec un ratio de fonctionnement entre 16 et 22% des éoliennes (disponibilité technique et régime des vents), on peut estimer que le contenu CO2 de l’électricité produite est également bas.

Le photovoltaïque en Namibie
Outre la réduction de la dépendance énergétique et le développement de capacités locales, la production d’électricité photovoltaïque présente un avantage environnemental important vis-à-vis d’une électricité produite au charbon.
Le contenu carbone du photovoltaïque est d’environ 55 g CO2/kWh (comprenant la phase de fabrication et d’installation des panneaux) alors que celui de l’électricité produite en Afrique du Sud à base de charbon est de plus de 800 g CO2/kWh.

En France, l’éolien est une énergie renouvelable adaptée et performante pour compléter le mix énergétique avec un impact environnemental faible.
En Namibie le photovoltaïque permettra de réduire la dépendance énergétique et de substituer une électricité moins carbonée à celle utilisée actuellement et produite majoritairement au charbon.
NB : une analyse environnementale de type ACV (analyse de cycle de vie) permettrait d’illustrer encore plus précisément les bénéfices apportés par ces projets.

3. Résumé et avis

Le projet permet de conforter la filière éolienne en France et d’allouer des moyens supplémentaires au développement de l’électricité photovoltaïque en Namibie. Il est pertinent vis-à-vis des enjeux énergétiques et environnementaux en France et en Afrique.